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Micro-entreprise ou SASU : comment choisir sans te prendre la tête

Vous voulez créer votre activité. Et là, tout le monde vous balance des mots : SASU, micro, TNS, dividendes, charges sociales… Vous voulez juste bosser et vous verser un revenu, pas devenir expert-comptable. Respire : dans cet article, on vous explique simplement les différences entre les deux statuts les plus populaires (micro-entreprise et SASU), et comment choisir sans perdre votre temps (ni votre argent).

Le mauvais choix peut vous coûter cher. Très cher. J'ai vu des entrepreneurs créer une SASU pour "faire pro" et se retrouver avec 0 € net par mois à cause des charges fixes. D'autres rester en micro-entreprise alors qu'ils facturaient 15 000 € par mois et perdre des milliers d'euros en optimisation fiscale ratée.

Votre statut juridique n'est pas un détail administratif, c'est la colonne vertébrale de votre business. Il détermine vos charges, votre protection sociale, vos possibilités de développement et surtout, l'argent qui reste dans votre poche à la fin du mois.

Micro-entreprise vs SASU : c'est quoi la différence en 3 phrases

La micro-entreprise : simplicité avant tout

La micro-entreprise, c'est le statut ultra-simplifié pour débuter rapidement. Vous payez des charges directement sur votre chiffre d'affaires (entre 12% et 22% selon votre activité), sans vous prendre la tête avec la comptabilité. Parfait pour tester une idée ou exercer en freelance avec peu de paperasse.

Zéro formalité compliquée : vous vous inscrivez en ligne gratuitement, et vous pouvez facturer dès le lendemain. La comptabilité se résume à tenir un livre des recettes et à conserver vos factures. Vos charges sociales sont calculées automatiquement sur votre chiffre d'affaires déclaré chaque mois ou trimestre.

La SASU : structure et flexibilité

La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) est une vraie société avec une structure juridique complète. Vous êtes président de votre entreprise, vous vous versez un salaire et/ou des dividendes selon la stratégie choisie. Plus lourd à gérer au quotidien, mais infiniment plus flexible si vous voulez développer votre activité.

Cette forme juridique sépare votre patrimoine personnel de celui de l'entreprise. Vous bénéficiez du régime assimilé salarié pour votre protection sociale, avec une meilleure couverture maladie et retraite. Contrepartie : une comptabilité complète obligatoire et des formalités de création plus complexes.

L'erreur classique à éviter

Beaucoup d'entrepreneurs choisissent leur statut pour de mauvaises raisons. "Je veux faire sérieux, donc je prends une SASU" ou "Je veux payer moins de charges, donc micro-entreprise". Ces raccourcis vous mènent droit dans le mur. Votre choix doit dépendre de votre situation concrète, pas de vos préjugés.

Comparatif rapide : synthèse des deux statuts

Formalités de création

  • Micro-entreprise : inscription en ligne gratuite sur le site de l'URSSAF ou du CFE compétent. Vous recevez votre numéro SIRET en quelques jours et pouvez commencer à facturer immédiatement.
  • SASU : rédaction des statuts, dépôt du capital social (1 € minimum mais souvent plusieurs milliers en pratique), publication d'une annonce légale, immatriculation au RCS. Comptez entre 200 € et 500 € de frais et plusieurs semaines de délai.

Charges sociales et fiscales

  • En micro-entreprise, vous payez un pourcentage fixe de votre chiffre d'affaires : 12,8% pour les activités de vente, 22% pour les prestations de services, 22,2% pour les professions libérales. Ces charges couvrent vos cotisations sociales obligatoires.
  • En SASU, les cotisations sociales représentent environ 65% de votre salaire net. Si vous vous versez 3 000 € nets, l'entreprise paiera environ 1 950 € de charges patronales. Mais vous pouvez optimiser en jouant sur la répartition salaire/dividendes.

TVA et facturation

  • La micro-entreprise bénéficie de la franchise de TVA jusqu'à certains seuils (36 800 € pour les services, 91 900 € pour la vente). Au-delà, vous devez facturer la TVA et la reverser à l'État.
  • La SASU est soumise à la TVA dès le premier euro de chiffre d'affaires. Contrainte supplémentaire, mais aussi avantage : vous récupérez la TVA sur vos achats professionnels, ce qui peut représenter des économies substantielles.

Comptabilité et obligations

  • Tenir la comptabilité d'une micro-entreprise se limite à enregistrer vos recettes dans un livre dédié et conserver vos justificatifs. Pas besoin de comptable, vous pouvez tout gérer seul avec un tableur Excel.
  • La SASU impose une comptabilité complète avec bilan, compte de résultat, liasse fiscale annuelle. Obligatoire de faire appel à un expert-comptable, ce qui représente un coût fixe de 100 € à 300 € par mois selon la complexité de votre activité.

Protection sociale

  • Le régime micro-social vous rattache à la Sécurité Sociale des Indépendants. Protection correcte mais moins avantageuse que le régime général, notamment pour l'assurance maladie et le calcul des droits à la retraite.
  • En SASU, vous relevez du régime assimilé salarié. Même protection qu'un salarié classique : meilleur remboursement maladie, droits au chômage sous conditions, calcul plus favorable de la retraite. Un vrai plus si vous visez le long terme.

Choisis ton statut selon ta situation (cas concrets)

Cas n°1 : vous vous lancez et voulez tester votre activité

La micro-entreprise s'impose naturellement. Frais de création quasi-nuls, pas de charges fixes incompressibles, possibilité d'arrêter à tout moment sans formalités lourdes. Parfait pour valider votre marché avant d'investir massivement.

Prenons l'exemple de Sarah, graphiste freelance. Elle hésite à quitter son CDI pour se lancer. Avec une micro-entreprise, elle peut tester son activité en parallèle de son emploi salarié, facturer ses premiers clients et voir si elle génère suffisamment de revenus pour sauter le pas.

Si ça ne marche pas, elle n'aura perdu que quelques heures d'inscription administrative. Si ça fonctionne, elle pourra toujours évoluer vers une SASU une fois son activité stabilisée et son chiffre d'affaires en croissance.

Cas n°2 : vous voulez vous verser un salaire stable et structurer votre activité

Optez pour la SASU sans hésiter. Cette structure vous permet de gérer un vrai business avec une séparation claire entre vos finances personnelles et professionnelles. Idéal si vous voulez vous constituer une protection sociale solide et bâtir quelque chose de durable.

Marc développe une application mobile avec des revenus récurrents de 8 000 € par mois. Il veut se verser un salaire régulier de 4 000 € nets et réinvestir le reste dans le développement de nouveaux produits. La SASU lui permet cette flexibilité tout en optimisant sa fiscalité.

Avantage supplémentaire : la crédibilité vis-à-vis des partenaires. Banquiers, investisseurs, gros clients font plus facilement confiance à une société qu'à une micro-entreprise pour des projets d'envergure.

Cas n°3 : vous voulez bosser en freelance avec peu de charges

Restez en micro-entreprise, c'est votre terrain de jeu. Vous travaillez seul, facturez entre 3 000 € et 6 000 € par mois, avec très peu de frais professionnels. L'optimisation fiscale complexe n'est pas votre priorité, vous voulez maximiser votre trésorerie disponible.

Julie, consultante en communication, facture 4 500 € par mois en moyenne. En micro-entreprise, elle garde environ 3 500 € nets après charges sociales. Simple, efficace, sans prise de tête administrative. Elle peut se concentrer sur son cœur de métier plutôt que sur la gestion.

Attention au plafond : si vos revenus augmentent significativement, vous devrez envisager un changement de statut pour ne pas perdre d'argent.

Cas n°4 : vous voulez vous développer, recruter ou lever des fonds

La SASU devient incontournable. Impossible de faire entrer des associés en micro-entreprise, difficile de convaincre des investisseurs ou des banquiers sans structure juridique solide. Vous jouez dans la cour des grands, il faut les bons outils.

Thomas a créé une agence web qui génère 20 000 € de chiffre d'affaires mensuel. Il veut embaucher deux développeurs et ouvrir son capital à un business angel. La SASU lui offre toute la flexibilité nécessaire pour ces opérations de croissance.

Plus de possibilités d'optimisation fiscale : déduction des charges réelles, amortissement du matériel, optimisation de la rémunération dirigeant, distribution de dividendes selon la stratégie choisie.

Les pièges à éviter absolument

Piège n°1 : créer une SASU avec 1 000 € de CA mensuel

Erreur fatale que je vois régulièrement. Vous créez une SASU par ego ou pour "faire sérieux", alors que votre activité génère 500 € à 1 500 € par mois. Résultat : entre l'expert-comptable (150 € par mois minimum), les charges sociales, les frais bancaires et les obligations diverses, il ne vous reste rien.

Paul s'est lancé en coaching sportif avec une SASU. Premier mois : 800 € de chiffre d'affaires, 400 € de charges fixes. Il lui fallait au minimum 2 500 € de CA mensuel juste pour couvrir ses frais de structure. Retour case départ après six mois de galère.

Piège n°2 : s'obstiner en micro au-delà du raisonnable

L'attachement à la simplicité peut vous coûter très cher. Rester en micro-entreprise quand vous facturez 8 000 € à 12 000 € par mois, c'est perdre des milliers d'euros en optimisation fiscale ratée.

Sophie, formatrice en ligne, génère 135 000 € de chiffre d'affaires annuel en micro-entreprise. Elle paie 29 700 € de charges sociales par an (22% de son CA). En SASU avec une stratégie salaire/dividendes optimisée, elle économiserait facilement 8 000 € à 12 000 € par an, même en payant un comptable.

Piège n°3 : croire aux dividendes miracles

"En SASU, je me verse des dividendes et je paie moins de charges". Faux ! Les dividendes ne se distribuent que s'il y a du bénéfice net après impôt sur les sociétés. Et même dans ce cas, ils sont soumis à la flat tax de 30% ou au barème progressif de l'impôt sur le revenu.

Les dividendes ne sont pas une baguette magique pour échapper aux charges sociales. C'est un outil d'optimisation parmi d'autres, à utiliser intelligemment selon votre situation globale.

Piège n°4 : négliger l'accompagnement professionnel

Se lancer seul sans conseils, c'est jouer à la roulette russe avec votre argent. Mauvais choix de régime fiscal, options TVA inadaptées, méconnaissance des dispositifs d'aide... Les erreurs se paient cash.

Un expert-comptable ou un conseiller spécialisé vous fait économiser bien plus que son coût. Investissement de 200 € à 500 € en conseil au démarrage, retour sur investissement de plusieurs milliers d'euros sur l'année.

Et niveau impôts, ça change quoi ?

Fiscalité de la micro-entreprise

Deux options s'offrent à vous : le prélèvement libératoire ou l'imposition classique au barème progressif de l'impôt sur le revenu.

Avec le prélèvement libératoire, vous payez un pourcentage fixe de votre chiffre d'affaires qui couvre à la fois vos charges sociales et votre impôt sur le revenu : 1% pour la vente, 1,7% pour les services BIC, 2,2% pour les services BNC. Simple et prévisible.

Sans prélèvement libératoire, vos revenus sont imposés après application d'un abattement forfaitaire : 71% pour la vente, 50% pour les services BIC, 34% pour les services BNC. Le montant obtenu s'ajoute à vos autres revenus dans votre déclaration fiscale.

Limitation majeure : impossible de déduire vos charges réelles. Que vous ayez 100 € ou 5 000 € de frais professionnels, l'abattement reste le même. Handicap certain si votre activité nécessite du matériel coûteux ou des déplacements fréquents.

Fiscalité de la SASU

Flexibilité maximale avec l'impôt sur les sociétés (IS). La société paie 15% d'IS sur les premiers 42 500 € de bénéfice, puis 25% au-delà. Vous déduisez toutes vos charges réelles : matériel informatique, véhicule professionnel, formations, frais de réception...

Votre rémunération de dirigeant (salaire) est imposée à l'impôt sur le revenu selon le barème progressif, comme tout salarié. Avantage : vous cotisez pour le chômage et la retraite sur cette base.

Les dividendes distribués sont soumis soit à la flat tax de 30% (17,2% de prélèvements sociaux + 12,8% d'impôt), soit au barème progressif avec abattement de 40% si c'est plus avantageux. Outil d'optimisation puissant entre les mains d'un bon conseiller.

Optimisation salaire/dividendes : l'art de l'équilibre

Stratégie classique : se verser un salaire équivalent au SMIC pour valider ses droits sociaux, puis distribuer le reste en dividendes si la trésorerie le permet. Économie de charges sociales substantielle sur la partie dividendes.

Attention aux effets de seuil et à votre situation personnelle. Si vous avez des enfants, un crédit immobilier ou des projets nécessitant des revenus stables, privilégiez le salaire pour sécuriser vos bulletins de paie.

L'optimisation fiscale n'est pas une science exacte. Elle dépend de vos revenus totaux, votre situation familiale, vos projets d'investissement. Un accompagnement personnalisé devient indispensable au-delà de certains montants.

Est-ce que je peux changer de statut plus tard ?

Bonne nouvelle : rien n'est définitif. Changer de statut est non seulement possible, mais souvent une excellente stratégie d'évolution. La plupart des entrepreneurs commencent en micro-entreprise puis basculent en SASU quand leur activité se développe.

La stratégie du démarrage progressif

Commencer en micro pour valider votre marché, puis évoluer vers la SASU une fois vos revenus stabilisés au-dessus de 5 000 € à 8 000 € mensuels. Cette approche limite les risques financiers tout en vous laissant toutes les possibilités d'évolution.

Alex a créé sa micro-entreprise de développement web en janvier. Six mois plus tard, avec 12 000 € de CA mensuel récurrent, il a basculé en SASU pour optimiser sa fiscalité et crédibiliser son offre auprès des grands comptes.

Les formalités de changement

Le passage nécessite quelques démarches administratives : fermeture de la micro-entreprise (radiation auprès de l'URSSAF), puis création de la SASU avec toutes les formalités classiques. Comptez 4 à 6 semaines pour finaliser l'ensemble.

Timing optimal : début d'année. Changer de statut en cours d'année complique la gestion de la TVA et peut créer des doublons de cotisations sociales. Janvier reste la période la plus propre pour effectuer cette transition.

Précautions à prendre

  • Prévenez vos clients à l'avance du changement de statut et des nouvelles modalités de facturation (TVA notamment). Mettez à jour vos contrats, conditions générales de vente et documents commerciaux.
  • Anticipez le décalage de trésorerie. En SASU, vous devrez attendre le premier bulletin de salaire pour percevoir vos revenus, contrairement à la micro où vous encaissez directement vos factures.
  • Organisez la continuité comptable avec votre expert-comptable. Il devra récupérer l'historique de votre activité en micro pour assurer une transition fluide et éviter les erreurs de déclaration.

Le kit de décision express

Vous voulez tester une idée avec peu de risques ?

Micro-entreprise les yeux fermés. Création gratuite, charges uniquement si vous facturez, arrêt possible à tout moment. Parfait pour valider votre concept sans engager de frais fixes.

Cas typique : vous gardez votre emploi salarié et testez votre projet en parallèle. La micro-entreprise vous permet de facturer légalement vos premiers clients sans prendre de risques inconsidérés.

Vous voulez construire une vraie entreprise ?

SASU sans hésitation. Structure professionnelle, protection sociale optimale, possibilités d'évolution infinies. L'investissement de départ (charges fixes) se justifie par les perspectives de développement.

Critères déterminants : chiffre d'affaires prévisionnel supérieur à 80 000 € annuels, ambition de recruter dans les 2 ans, besoin de crédibilité vis-à-vis des partenaires financiers.

Vous hésitez encore ?

Faites le calcul concret de votre situation. Listez vos charges prévisionnelles, estimez votre chiffre d'affaires sur 12 mois, calculez le net disponible dans chaque configuration.

Variables à intégrer : coût de l'expert-comptable en SASU (1 800 € à 3 600 € par an), économies de charges sociales possibles, déductions fiscales des frais réels, optimisation salaire/dividendes.

L'accompagnement professionnel, un investissement rentable

Une heure de conseil avec un expert vous évite des mois d'erreurs coûteuses. Investissement de 150 € à 300 €, économies potentielles de plusieurs milliers d'euros sur l'année.

Points à éclaircir absolument : choix du régime fiscal, options TVA, stratégie de rémunération, calendrier des déclarations, dispositifs d'aide disponibles selon votre secteur d'activité.

Le bon statut, c'est celui qui s'adapte à votre projet, pas l'inverse

Il n'existe pas de statut juridique parfait, mais il y a forcément un statut adapté à votre situation actuelle. L'erreur serait de vous enfermer dans un choix définitif alors que votre activité va évoluer.

Ce qui compte vraiment : comprendre les implications de chaque option, éviter les erreurs de débutant qui coûtent cher, et surtout rester agile. Votre statut doit évoluer avec votre business, pas l'inverse.

Gardez en tête vos objectifs à moyen terme. Si vous visez 200 000 € de chiffre d'affaires dans 3 ans avec une équipe de 5 personnes, commencer en micro-entreprise puis basculer en SASU sera probablement la stratégie gagnante.

Dernier conseil : ne vous prenez pas la tête avec les détails techniques. Concentrez-vous sur le développement de votre activité et faites-vous accompagner par des professionnels pour optimiser la partie administrative et fiscale.

Votre énergie doit aller à la création de valeur pour vos clients, pas à devenir expert en droit des sociétés. Choisissez le statut qui vous libère l'esprit pour vous concentrer sur l'essentiel : faire grandir votre business.